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Etat de droit

réforme de la justice pénale et civile en Franceréformes dans la société française et autorité de l'Etat

réforme de l'école primaire et de l'éducation nationale

[9 juin 2006]

Proposition  E13  Proposition complète

Pourquoi

Pourquoi

Exiger d'une famille dont l'enfant viendrait en classe régulièrement sans le minimum d'affaires nécessaires, malgré la perception de l'Allocation de Rentrée Scolaire (ARS), qu'elle restitue celle-ci.

La restitution pourrait être totale ou partielle et serait soumise à une procédure [détaillée dans l'énoncé complet] suffisamment rigoureuse pour éviter les injustices. Sa raison d'être serait de lutter contre les dysfonctionnements liés à une insuffisance lourde et chronique de matériel scolaire (qui devrait d'autant moins avoir cours que l'ARS existe). Du reste, en cas de non perception de l'ARS, cette restitution serait remplacée par une amende.

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1 — Quand on voit certains élèves se lever régulièrement en plein cours, avant même de leur demander ce qu'ils font, on connaît la réponse : j'lui demande un stylo ! (Ou une gomme, une feuille, un crayon… Et plus si affinité, voire beaucoup plus dans le cas contraire…) Imparable. C'est devenu la grande excuse. Venir en classe les mains dans les poches permet d'y circuler plus librement. Au début, dans le doute, on interroge : comment se fait-il que tu n'en aies jamais ? Mais la question ne sert à rien, on s'en rend très vite compte : c'est pas vrai ! la semaine dernière j'en avais un ! (…) ouais ben 'chuis pas l'seul, y'en a plein qu'en ont pas (…) j'en ai mais y sont cassés ! (…) c'matin, ça va pas, 'chuis énervée. Zut ! En voici une qui vient de prononcer la formule magique (la formule d'impunité) : ça va pas… Comme d'habitude, elle n'a pas ses affaires ; mais impossible de la réprimander, les BO sont formels : il faut COMPRENDRE leur MAL-ÊTRE.
  Plus tard, si l'on exige des quémandeurs habituels qu'ils ne se lèvent plus (ou presque), le résultat n'est pas garanti d'avance. Car un déclenchement des hostilités ne s'embarrasse pas de grandes subtilités : mon stylo bleu marche pas ! j'peux plus travailler ! Et puis, la faille réactivée, s'ensuivent d'anodins glissements de terrain à petits coups de coude vers la table d'à-côté… Hélas, à ce stade du processus, il est déjà trop tard : un volcan va bientôt entrer en éruption (depuis les sombres profondeurs de l'encre noire disséminée et de la rancune accrue). L'onde de choc se propage à une vitesse foudroyante avant de jaillir en un cri déchirant : ééééhhhoOOooo !!! [censuré] il arrêt' pas d'me faire bouger !!
  Quant à la suite des évènements, diverses variantes existent mais la décence oblige à ne pas trop s'y attarder. En tout cas, pour l'apprentissage des notions de base, le pronostic reste incertain. D'autant plus qu'en primaire, par exemple, on ne peut pas renvoyer un élève chez lui ; on ne peut même que rarement l'éloigner de la classe. Donc on le garde. Et on lui trouve un stylo.
  Par la suite, on se constitue des provisions ; à renouveler périodiquement.

2 — Si certaines familles sont très démunies, les « sans-stylos » n'en font pas nécessairement partie : au vu de leurs habits ou changements réguliers de coiffure, des couleurs rutilantes et des styles qui changent, on n'a pas toujours l'impression d'avoir des miséreux devant soi... C'est bien d'avoir du goût ; ce serait bien aussi d'avoir un stylo. Qui marche. Plus un deuxième de rechange. (Que d'exigences, n'est-ce pas ?!) Parce que c'est très étrange, cette histoire d'argent : les 260 € de l'ARS ne suffiraient donc pas à remplir une simple trousse ?…
  En primaire, on ne leur demande pourtant pas de payer grand-chose, aux élèves : les cahiers et la plupart des livres sont fournis, ainsi que le papier à dessin et le gros matériel (en sport, informatique, arts plastiques...) ; malgré cela, stylos, feutres ou règles sont fréquemment « prêtés » (jusqu'à épuisement) ; et si l'on se retrouve dans l'une de ces zones bien dotées (ZEP ou autre), on pourra bénéficier de spectacles, sorties, voire classe de neige, etc., tous divertissements payés pour l'essentiel par un savant assemblage de fonds publics. Pourquoi pas, après tout ; mais est-il si « pédagogique » que ça de récompenser des élèves lorsqu'ils ne font même pas l'effort de venir en classe avec le MINIMUM d'affaires nécessaires ? (Au moins pour écrire et rectifier proprement !) Et l'on passera sur le faits que certains, à 10 ans ou plus, « ne peuvent » même pas rester concentrés une minute, ni écouter plus de quinze secondes (le temps d'une consigne), ce qui donnera un prétexte de plus pour ne pas faire l'exercice demandé. Bref, l'absence d'affaires scolaires en classe fait certes partie d'un ensemble — quant aux causes des nombreux dysfonctionnements que connaît le système scolaire français d'aujourd'hui — mais c'en est l'une des grosses portes d'entrée, si l'on peut dire.
  Alors s'il y a sans doute du vrai lorsque certains parents interrogés dans les reportages affirment que la rentrée coûte cher, que l'ARS y suffit à peine et que les vêtements (de marque) ne sont (certes) pas donnés, notons simplement qu'avec 1% de 260 € on peut déjà trouver de quoi écrire, qu'en dépensant 10% de la même somme on aura un beau cartable... et que cette allocation est cumulable avec toutes les autres.
  C'est pourquoi, dans ces situations où l'on voit des élèves n'ayant jamais de quoi écrire et rectifier proprement (malgré tout ce que l'école fournit déjà), où des parents allocataires ne prennent donc même pas la peine d'utiliser ne serait-ce que 5% de l'ARS aux fins prévues, nous avons affaire à un détournement évident des deniers publics. (Sans revenir sur les conséquences scolaires...) Il faudrait peut-être se réveiller un jour ! Quand on peut s'acheter le style, on peut s'acheter les stylos. Pour un seul vêtement de marque, on peut avoir toute une trousse remplie ! (Au moins de l'essentiel.) Aussi ne paraît-il pas exagéré d'exiger la restitution de l'ARS lorsqu'une absence chronique de matériel scolaire, à l'évidence et a posteriori, la rend indue.

3 — Au niveau de la procédure d'application, pourquoi faire appel à des inspecteurs de l'administration fiscale ? L'idée peut paraître saugrenu au premier abord mais elle se justifie par la nécessité de protéger à la fois les familles et les personnels scolaires. En effet, si l'on confiait ce type de pouvoir à ces derniers, la pression sur leurs épaules n'en serait que plus forte : en cas de mise en application de la mesure, ils seraient inévitablement considérés par les familles comme LES responsables d'une perte de pouvoir d'achat, et l'ambiance au sein de l'école n'en deviendrait que plus délétère. De surcroît, le risque existerait qu'un professeur ou autre — ayant par exemple «une dent» contre tel élève ou tel parent d'élève — abuse de ce pouvoir de façon arbitraire. Il apparaît donc beaucoup plus raisonnable d'en confier l'exercice à des professionnels formés pour le contrôle ET indépendants de l'école (non susceptibles d'en subir la pression au quotidien).

Propositions majeures Remanier la Convention des droits de l'enfant
Accroître le pouvoir du professeur vis-à-vis des élèves (avec limites)
Réhabiliter les punitions et les sanctions à l'école avec bienveillance

études phares

Les pires BO de l'Education Nationale (3) : le Top 10

Réforme de l'école : les fausses bonnes idées

L'autorité du professeur : histoire d'un rapt

Sanctions à l'école : pourquoi ça bloque

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J-Y Willmann © Etat de droit depuis 2006