Etat de droit
[27 juin 2006]
Proposition E2 Proposition complète
Pourquoi
Pourquoi
?
?
Quel que soit l'effort fourni en matière
de recrutement, on n'empêchera jamais qu'une infime partie des personnels scolaires ne fassent pas ce que l'on attend
d'eux. Comme partout ailleurs. Si l'on veut limiter les problèmes, il faut donc garder en tête qu'il y aura toujours
un petit pourcentage de salariés qui ne donneront pas entière satisfaction, qu'il s'agisse de surveillants, de
techniciens, professeurs, chefs d'établissement, inspecteurs... tout comme il y aura toujours quelques élèves
et parents d'élèves qui poseront beaucoup plus de problèmes que d'autres.
La présente proposition, on l'aura compris, concerne la catégorie des directeurs ou chefs d'établissement, avec
comme problématique : que faire si un directeur ou chef d'établissement est défaillant ?
[On s'en tiendra ici à un niveau de gravité relativement faible ; pour des cas plus graves, on se reportera à la
Proposition
E14.]
Actuellement, la réponse à ce type de question est qu'on ne peut pas
faire grand-chose, sauf si le contexte général est très favorable (très bonne entente entre des collègues
par ailleurs très compétents, qui auraient de surcroît des élèves très bien élevés avec des parents tout aussi
respectueux...), ce qui, hélas, n'est pas le cas partout. Prenons un exemple concret : celui du directeur ou chef
d'établissement qui pardonne tout aux élèves et ne soutient pas les professeurs lorsque ces derniers voudraient
sévir un peu (au besoin en leur mettant quelques bâtons dans les roues).
Deux cas de figure sont possibles : soit les élèves sont relativement «faciles»
sur le plan comportemental, et alors les professeurs pourront s'en sortir ; soit les élèves sont plutôt voire très
«difficiles», et alors ce sera plutôt voire très difficile de faire respecter un
minimum de discipline dans les classes et au sein de l'école ou de l'établissement. Parce qu'en primaire les élèves
auront été trop habitué au laisser-faire instauré (en quelque sorte) par le directeur, ou parce que dans le secondaire
le chef d'établissement bloquera très souvent (par exemple) la constitution du Conseil de discipline. [Cf.
circulaire n° 2000-105, partie III.3.1.1.]
Dans ce cas, le pouvoir collégial permettrait de limiter largement «les
dégats» : en primaire comme dans le secondaire, une équipe un tant soit peu soudée aurait
tôt fait de se réunir et d'adopter COLLÉGIALEMENT — avec ou sans l'aval de son directeur ou chef
d'établissement — les mesures d'autorité jugées nécessaire par la majorité.
Pour autant, ce
pouvoir collégial risquerait-il de fragiliser l'autorité du directeur d'école ou chef d'établissement ? Certainement
pas ! Et c'est même tout le contraire, pour au moins trois raisons :
1. Le directeur ou chef d'établissement aurait toute sa place dans
l'exercice de ce pouvoir collégial, avec voix prépondérante en cas d'égalité et priorité pour la présidence des
séances.
2. En parallèle avec l'instauration du pouvoir collégial, le pouvoir propre
au seul directeur d'école ou chef d'établissement augmenterait lui-même significativement, ainsi que le prévoit
en détails la Proposition E3.
3. Surtout, ce pouvoir collégial permettrait d'éviter
que ne repose essentiellement sur les seules épaules du directeur ou du chef d'établissement la «patate chaude de l'autorité», comme disent certains. Ainsi, cette plus large répartition
du pouvoir de sanction permettrait de diminuer la pression parfois très forte qui peut s'exercer sur les principaux de
collèges ou proviseurs de lycées. Et le regard des familles comme celui des élèves changerait d'autant : plutôt que de
s'en prendre au seul chef d'établissement, ils seraient amenés à constater que la décision de sanction a été prise par
une majorité de professionnels participant au pouvoir collégial.
Autre avantage : si le chef d'établissement doit faire face à des menaces répétées et qu'il ne les supporte plus
(ce qui se conçoit aisément), l'existence du pouvoir collégial lui permettrait de faire savoir à certaines familles,
ponctuellement, qu'il n'a pas participé à telle ou telle prise de sanction. Ce ne serait certes pas idéal et même un
peu désagréable pour les collègues qui endosseraient le rôle des «méchants»
(quoique les votes pourraient rester secrets) MAIS ce serait une moins mauvaise solution que celle qui consiste
à ne plus rien sanctionner.
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J-Y Willmann © Etat de droit depuis 2006