Etat de droit
L'étude du 15 juillet 2007
Jusqu'à la mi-juillet 2007, en tapant les mots "fermeté à l'école" (avec guillemets)
sur Google, combien de pages obtenait-on ? Réponse : 0 ! Depuis la création de l'Internet jusqu'alors, il ne
s'était donc trouvé personne dans le monde pour transférer une seule page Internet où figure une seule fois cette
simple expression : fermeté à l'école. Et en tapant "sévérité à l'école" (toujours avec les guillemets) ?
Google donne à peine 10 réponses...
Cette raréfaction, proche du zéro absolu, en dit long sur l'absence totale de volonté ou même de débat en la matière.
Sur les (plus de) 8 000 000 000 de pages indexées à ce jour par le plus célèbre
des moteurs de recherche, vous en trouverez donc désormais UNE qui parle de fermeté à l'école : celle-ci !
Et visiblement, un seul site pour développer ce thème concrètement : celui-ci. Etat de droit
n'a cependant aucune envie de garder le monopole.
Si maintenant l'on tape "autorité à l'école", on trouve près de 20 000 pages. Le
nombre n'est pas astronomique (eu égard à la taille de la base de données) mais
comment expliquer une telle différence ? Etat de droit
s'y essaye. Lorsque l'on parle de fermeté ou de sévérité, les
choses sont assez claires : on comprend qu'y sont incluses les idées de
contrainte ou de désagrément. En revanche, de grands «savants» français
se sont amusés à théoriser en cœur sur le mot autorité. Ils ne vous parleront que d'autorité
du savoir, d'autorité naturelle, d'autorité contractuelle, en fait de tout ce qui
peut éloigner la vile punition... Cette « autorité » bien à eux a été soigneusement
aseptisée, dénaturée. Ils se l'imaginent Belle et Noble, évidemment pas contraignante...
Ce faisant, ils transforment peu à peu la langue française en château de sable.
Ainsi le mot jadis honni a-t-il fini par devenir acceptable à leurs yeux pour la seule raison qu'ils ont réussi à le
vider de tout son sens, à le rendre aussi nébuleux que possible. A l'instar du mot éducation et de tant d'autres.
Pour eux, tout ce qui est flou est convenable : c'est en effet le plus sûr moyen de pouvoir battre en retraite à
tout moment. (Un fâcheux vous dira qu'il n'est pas d'accord avec vous ? Vous lui rétorquerez qu'il a mal compris !)
Voilà pourquoi ces grands esprits se gardent bien de prononcer les quelques mots — fermeté, sévérité, punition,
contrainte, désagrément... — qui risqueraient de vouloir encore dire quelque chose. Leurs ennemis, on s'en doute,
s'appellent les dictionnaires, la clarté, la réalité, mais aussi l'esprit critique ou l'intérêt général. Enfermés dans
leurs obscurs trafics de mots, ces trafiquants d'un nouveau genre font beaucoup plus de dégâts que le petit trafiquant
du coin de la rue.
En fait, quelle est la vraie palette des 7 définitions du mot AUTORITÉ,
données par le Nouveau Petit Robert ? Courts extraits par ordre de sens ou d'emploi :
1 — pouvoir d'imposer l'obéissance, (...) d'ordonner des mesures... ;
2 — les organes du pouvoir ;
3 — force obligatoire, exécutoire d'un acte de l'autorité publique ;
4 — attitude autoritaire ou très assurée ;
5 — pouvoir de se faire obéir [l'exemple d'un
professeur est ici donné] ;
6 — supériorité de mérite ou de séduction qui impose l'obéissance, le respect,
la confiance ;
7 — personne qui fait autorité [qui s'impose auprès de tous comme
incontestable, sert de règle dans un domaine].
On le voit, l'idée d'imposer l'obéissance apparaît à plusieurs
reprises ; celle du pouvoir aussi, ce qui ne fait que confirmer les
analyses d'Etat de droit à ce sujet (que ce soit dès le premier sous-thème
de la rubrique Education ou dans l'intitulé même des propositions
E2 et
E3,
ou bien encore dans cette fin de page).
Certes, le 7ème sens fait allusion à l'autorité du savoir, mais il a été
pensé pour le spécialiste internationalement reconnu : le grand historien, le célèbre Professeur de médecine,
le prix nobel... Pas pour le professeur en Z.E.P. ! A ce dernier et à tous ses collègues du primaire comme du
secondaire, c'est le 5ème sens qui est attribué ;
et c'est bien celui développé par Etat de droit dans de nombreuses pages.
On est donc loin des seules significations captées puis détournées (rendues vagues voire inventées)
par la colonie d'idéologues qui s'est installée un peu partout, des ministères jusqu'aux médias
«spécialisés» en «éducation», sans
oublier une certaine stratosphère universitaire (département «sciences»
humaines). Ainsi, tous ces détenteurs d'un pouvoir certain ont décidé d'en priver la notion d'autorité, du
moins lorsqu'ils l'appliquent aux autres et à l'école. Ils ont ni plus ni moins rayé au moins cinq des sept
significations données par l'un des dictionnaires qui fait le plus... autorité ! C'est dire le niveau de la
contradiction, de la falsification et finalement de la manipulation des esprits.
A vrai dire, cette dénaturation lexicale leur permet d'éviter le débat de fond que pose Etat de droit,
à savoir :
Où doit-on positionner le curseur
de la sévérité à l'école ?
En effet, s'ils acceptaient simplement de se voir poser la question, sans doute finiraient-ils
par reconnaître qu'en l'état actuel des choses, il est urgent de remonter le curseur... Pas trop, juste ce qu'il faut.
Mais le remonter. Car enfin, proposer un peu plus de fermeté à l'école, ce n'est pas une déclaration de guerre !
C'est tout l'inverse : la fermeté ne s'oppose ni à l'amour, ni à la modération, ni à l'esprit républicain, ni à
la démocratie, ni à l'humanisme, ni à la bienveillance, ni à l'épanouissement. Dès lors qu'elle est justement
aimante, modérée, avec des contrepoids, d'éventuelles exceptions (si possible formalisées), dès lors qu'elle
est pensée et employée avec le sens de l'équilibre, de la concertation et surtout du long terme, la fermeté
n'est PAS cette sorte d'affreux épouvantail que tant de pseudo-penseurs n'ont cessé d'agiter depuis des
lustres, bien avant la démocratisation de l'Internet. (Ce qui explique les résultats... tant sur
la toile que sur les bancs de l'école ou ce qu'il en reste.)
Tout ce qu'ils ont réussi à chasser, en fait, c'est la politesse, le respect d'autrui, le sens du travail...
Mais pas seulement : ils ont aussi commis, en conséquence, la faute majeure d'avoir chassé
le rire de certaines classes (qui ne savent plus que ricaner) ainsi que la bonne humeur (qui a laissé
sa place à une sourde tension permanente) ou encore l'envie de se projeter dans le futur (qu'un quotidien
morose ou brutal remplace).
Certains enfants ont perdu leur âme d'enfant bien avant l'âge de 10 ans. Ce n'est pas que de la faute de l'école
mais l'école y participe ! La mollesse de ses principes actuels fait des ravages. Si la fermeté modérée ne peut
pas créer le bonheur individuel, au moins permettrait-elle d'éviter certains malheurs collectifs.
Combien de millions de petites victimes faudra-t-il encore pour s'en apercevoir ?
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J-Y Willmann © Etat de droit depuis 2006